Peut on tomber enceinte avec un seul oubli de pilule

99,7 %. C’est l’efficacité théorique de la pilule contraceptive. Un chiffre proche du score parfait de 100 %, qui signifie surtout que si vous prenez votre pilule sans jamais l’oublier, vous avez moins de 1 % de chance de tomber enceinte (un chiffre qui monte à 9 % en cas d’oubli ou d’élimination de la pilule suite à des vomissements ou à une diarrhée). Oui mais voilà, ce chiffre est théorique. Dans la vraie vie, tomber enceinte sous pilule arrive, même si on est hyper consciencieuse, et même si on a oublié de la prendre juste une seule fois. Et quand la surprise arrive, c’est généralement à un moment où on ne l’avait pas prévu, puisqu’on utilisait un moyen de contraception. Entre (finalement) heureuse surprise et expérience difficile et traumatisante, trois femmes ont accepté de nous raconter leur histoire.

« J’ai pris la décision de me faire ligaturer les trompes », Zélie, 40 ans

Zélie avait 37 ans quand elle est tombée enceinte sous pilule. Elle se souvient avoir oublié une pilule, au lendemain d’un rapport, et de l’avoir réalisé le surlendemain. « Comme je suis hyper fertile, j’ai décidé de prendre la pilule du lendemain. À la pharmacie, on m’en propose deux, je demande la plus efficace, que je prends dans la foulée. » Oui mais voilà, les premiers symptômes de grossesse arrivent rapidement et le jour présumé de ses règles, elle fait un test qui est tout de suite positif. « J’ai été dévastée » reconnaît-elle, « je savais que pour mon mari, c’était hors de question, car nous avons déjà 3 enfants ». De son côté, Zélie aurait adoré accueillir un 4e enfant. Elle prend alors rendez-vous chez son médecin, titulaire d’un DU de gynécologie. « Elle a été adorable, m'a expliqué les démarches pour une IVG médicamenteuse comme j'étais largement dans les délais, à savoir faire un test sanguin + une échographie et voir avec un médecin assermenté pour ça. J'ai tout fait... Mais je dois avouer que l'écho, ça a un peu été l'horreur. » Et pourtant, c’était avec une sage-femme adorable qui a tourné l’écran pour qu’elle ne voit pas.

Tout au long de son parcours abortif, Zélie a reçu du soutien de la part du corps médical, « des femmes » précise-t-elle, et ne s’est jamais sentie jugée. Si elle a continué à prendre la pilule par la suite, elle a désormais pris la décision de se faire ligaturer les trompes. « Je ne peux plus angoisser à chaque fois que j'ai un rapport... Je sais que la pilule mini-dosée doit être prise à heures fixes, et je n’y arrive pas. » Cette grossesse surprise, un tabou ? « Ce n’est pas un sujet que j’aborde facilement, car je n’en suis pas fière et plutôt en colère de savoir que tant de femmes ne peuvent pas ou tombent enceintes avec d'énormes difficultés... et moi qui ne voulais pas et qui ai tout fait ne pas l'être, bim... Je trouve ça injuste. D'autant plus que c'est assez douloureux quand même. »

« Un bébé non désiré à ce moment-là, mais désiré ! », Chloé, 35 ans

Chloé est maman de deux enfants : Victoire, une petite fille de 5 ans, et Auguste, 20 mois. Et si elle est comblée par sa tribu, la deuxième grossesse n’était pas prévue à ce moment-là, puisque la jeune femme prenait la pilule. Elle reconnaît l’avoir oubliée une fois dans le mois, une chose qui lui arrive « 2 ou 3 fois dans l’année ». De là à envisager une grossesse, il y a un pas que Chloé n’a pas franchi, puisqu’elle a eu ses règles le mois d’après : elle a donc continué à vivre normalement et à prendre sa pilule, profitant des bonnes choses de l’été, entre apéros et barbecues. En rentrant de vacances, la jeune femme constate qu’elle a un peu grossi et démarre un régime. Et puis vient le moment des règles… qui n’arrivent pas. Après une semaine d’attente, elle décide de faire un test sanguin : les taux hormonaux sont tellement élevés qu’on lui dit qu’elle est peut-être enceinte de jumeaux. « Je rentre le soir et l’annonce à mon cher et tendre qui ne s’y attendait pas » raconte la jeune femme. Pour l’un comme pour l’autre, la nouvelle est déstabilisante, ni mauvaise ni bonne : les deux voulaient un deuxième enfant, mais Chloé aurait aimé attendre un an, tandis que son compagnon se voyait attendre encore 2 ou 3 ans.

« On a décidé de le garder, parce que je ne me voyais pas stopper la grossesse et que j’en voulais un deuxième de toute façon » explique-t-elle. « On s’est dit qu’on ferait avec et qu’on ferait tout pour que ça fonctionne. » Et c’est ce qui est arrivé, même si la jeune femme reconnait que son compagnon était plus investi lors de la première grossesse. « Pendant la grossesse, il lui est arrivé de me dire "Tu en as voulu un, tu l’assumes", mais toujours sur le ton de la blague. Aujourd’hui, c’est un super papa ! » Après l’accouchement, elle a continué à prendre la pilule, mais envisage désormais de se faire poser un stérilet (une décision retardée par la pandémie de Covid-19). Cette grossesse surprise n’est en tout cas pas un sujet tabou pour la maman qui résume bien la situation : « Auguste n’était pas désiré à ce moment-là, mais il était désiré ! »

« Je n’ai plus aucune confiance en aucun moyen de contraception », Julie, 30 ans

Alors qu’elle a 21 ans, Julie vient à Paris dans le cadre de ses études. En couple depuis un an, elle prend la pilule depuis ses 18 ans, et, fait assez rare pour être souligné, ne l’oublie jamais. Suite à une grosse dispute avec son copain, ils décident de faire un break et quelques jours plus tard, Julie ressent un gros mal de ventre, qu’elle met sur le dos de la contrariété. Mais comme les choses empirent, elle décide d’aller consulter un médecin qui pense d’abord à l’appendicite et lui prescrit une prise de sang. « Je fais ma prise de sang le lendemain à la première heure, et ensuite, le médecin m’appelle en me disant "Je ne sais pas si trop si c’est une bonne nouvelle, est-ce que vous pouvez venir ?" », raconte la jeune femme. « Le médecin me dit alors que la prise de sang n’a pas permis d’écarter un éventuel problème à l’appendice, qu’il va falloir d’autres tests, mais qu’en revanche, elle a révélé une grossesse. » Sa réaction spontanée est de dire qu’il y a une erreur, étant donné qu’elle est très consciencieuse avec la prise de sa pilule et qu’elle a eu très peu de rapports sexuels lors des deux derniers mois, mais le médecin lui confirme qu’il n’y a pas d’erreur. « Dans ma tête, c’est très clair : j’habite dans un studio, ce n’est pas du tout la vie que je veux. Mais surtout, je lui demande comment c’est possible de tomber enceinte sous pilule ? Je suis vraiment énervée », explique Julie. Le médecin lui explique la procédure d’IVG tout en lui disant d’aller à l’hôpital faire une échographie car ce n’est pas normal qu’elle ait si mal. Elle contacte alors son petit-ami, qui l’accompagne dans la suite de la procédure, lui assurant qu’il serait présent quoi qu’il arrive. La jeune femme prévient aussi sa maman, qui est devenue mère assez jeune et a toujours encouragé ses filles à faire des études et à "vivre" avant de faire des enfants. Celle-ci lui dit de faire comme elle le souhaite, qu’elle et le père de Julie seraient là quoi qu’il arrive.

À l’hôpital, lors de l’échographie, on lui montre le fœtus alors qu’elle ne le voulait pas, ce qui la met encore plus en colère. Le verdict tombe ensuite : les examens ont révélé une grossesse extra-utérine et un kyste, ce qui explique les douleurs ressenties. « On m’a expliqué que la grossesse n’aurait pas pu être menée à terme, ce qui m’a aidé à assumer ma décision, même si j’étais sûre de moi. Cette grossesse, je l’ai vécue comme un truc qui me faisait souffrir », se souvient la jeune femme. Suite à cette expérience, elle perd complètement confiance en la pilule et décide de se faire poser un stérilet… qui ne tient pas, à cause de son utérus rétroversé. Elle garde ensuite un implant pendant 4 ans, qui s’accompagne d’une prise de poids importante. Par la suite, elle prend la décision d’utiliser des préservatifs, mais, installée dans une relation plus sérieuse, se demande si elle ne ferait pas mieux de reprendre la pilule. « J’en ai parlé à ma gynéco, car j’ai peur de la reprendre et de retomber enceinte sans le vouloir. Je n’ai plus aucune confiance en aucun moyen de contraception », admet-elle.

Parce que cette expérience l’a profondément marquée, elle en a parlé autour d’elle et a découvert qu’elle n’était pas un cas isolé : plusieurs de ses copines avaient vécu la même mésaventure, certaines oubliant parfois leur pilule mais d’autres étant très vigilantes. Un partage d’expérience rassurant pour la jeune femme qui s’est sentie moins seule et a relativisé : « Tu as beau être vigilante, c’est comme ça, c’est la vie. Je pense que ça m’a beaucoup servi pour la suite. » Si tout cela est aujourd’hui derrière elle, elle reconnaît qu’elle reste marquée, notamment par le fait d’avoir déjà été enceinte. « Si demain je veux devenir maman, j’aurai toujours ce truc de me dire que ce n’est pas la première fois que je suis enceinte. »

Quels sont les signes d'une grossesse sous pilule ?

Quels symptômes quand on tombe enceinte sous pilule ? Généralement, une femme enceinte sous pilule ne constate pas de saignements. Par contre, elle peut remarquer une sensibilité et une douleur des seins. Elle peut également se sentir davantage fatiguée.

Quand ovule T

Date d'ovulation sous pilule Pour calculer la date d'ovulation, il faut retirer au moins 14 jours à la totalité du cycle menstruel.

Comment rattraper un oubli de pilule ?

Prenez le comprimé oublié lorsque vous vous en rendez compte et poursuivez votre plaquette à votre heure habituelle. Vous pouvez donc être amenée à prendre deux comprimés le même jour. Sachez tout de même que la contraception n'est plus efficace pendant 7 jours.

Quand Peut

La pilule est un moyen très efficace. Une femme qui prend correctement la pilule ne peut tomber enceinte, même si elle a des rapports pendant la semaine d'arrêt. Correctement, ça veut dire : avoir entamé la première plaquette le premier jour des règles.