Piege un sanglier avec une corde

Publié le 27/10/2010 à 12:25

À bientôt 70 ans, Irénée peut bien l'avouer: le braconnage a été la grande passion de sa vie. Rencontre avec un "braco" à l'ancienne, spécialiste du sanglier au collet.

Face à sa terrasse, la forêt des Baronnies moutonne de vert et d'or. Profonde et attirante. Mais promis, il n'y va plus que pour les cèpes. Ou quelques palombes, « avec le permis », précise-t-il, le sourcil circonflexe sous la cassure du béret. Car officiellement, il a arrêté. Si, si. Depuis… au moins, si ce n'est pas plus. Comme « en prenant de l'âge, on n'aime plus tuer » explique-t-il. Laissant aujourd'hui les chevreuils venir manger derrière chez lui, les couvées de faisan s'épanouir en lisière de son pré.

De fait, quelle que soit la qualité de son coup d'œil et de son coup de fusil qu'on devine intacts… celui qu'on appellera ici Irénée tire surtout sur ses 70 ans, désormais. Et revendique donc la tranquillité du braconnier retraité au vu de ses annuités. « J'avais 14 ans quand j'ai fait mon premier sanglier entre Asque et Banios » se rappelle-t-il ainsi… Car dans son village des Baronnies « le braconnage, c'était une spécialité ». Et chez lui plus qu'ailleurs, sans doute, « parce qu'on avait faim », se souvient le quatrième des cinq enfants d'une ferme pauvre.

Avec la cravate

Grives, merles, pies de mars ou écureuils… pour améliorer l'ordinaire, il a donc appris les secrets du collet au crin de cheval et du fusil dès l'enfance. « On vivait en autarcie, on échangeait quelques volailles pour l'huile, le sucre, le sel et pour le reste, on se débrouillait » poursuit-il ainsi. Et puis un jour qu'on ramassait les feuilles de châtaigniers pour la litière des cochons, il y a eu ce premier sanglier, nos chiens, d'authentiques bâtards pour garder les vaches, l'ont rabattu et on l'a tué à coups de manche et coups de pelle, parce que sinon, on ne mangeait pas de viande » se souvient-il.

Celui-là faisait 40 kilos. Mais Irénée a vite appris à faire mieux et surtout dans les « règles », avec la « cravate ». « Tu repères le passage du sanglier, tu lui balises au besoin et dès qu'il y a deux arbres serrés, tu mets la « cravate », le « corolot », le collet quoi. » Combien en a-t-il pris de la sorte, dans sa longue carrière ? « Oooooh, pfffff ». Vous dire. Mais ce qui est sûr, c'est que le plus gros faisait 105 kg. Et que « quand on voyait le prix du sanglier au croc du boucher, on savait bien que ce n'était pas le prix qu'il nous l'avait payé et loin de là » note encore ce Raboliot des Baronnies. Qui déteste les viandards d'aujourd'hui. « Car nous, on était au milieu de la sauvagine, on empruntait ce qui nous était offert par la nature et comme c'était notre garde-manger, on prenait soin d'en laisser pour la prochaine fois ». Ah, s'il s'est fait piquer une fois par les gardes, Irénée ? « Jamais » répond-il amusé. Mais ajoutant immédiatement « d'ailleurs, je touche du bois. » Sage précaution, puisqu'officiellement, oui, il a arrêté… Promis, juré.


Le chiffre : 105

kilos> le sanglier. C'est le record d'Irénée, pour un sanglier braconné au collet, dans les Baronnies.

Testé par Aurélien Cabé et un collègue, un nouveau système de filet de capture apparaît comme un outil intéressant pour lutter contre la prolifération des sangliers dont les dégâts aux cultures ne cessent de progresser.

Devant la progression des populations de sangliers et des volumes de dégâts constatés sur le terrain, les Landes font partie des départements où le piégeage de cette espèce est possible avec un agrément de piégeur et une autorisation individuelle délivrée par la préfecture. En règle générale, ce type d’opérations est réalisé jusqu’ici par le biais de cages-pièges.

Depuis quelques semaines, Aurélien Cabé et un collègue installé sur le secteur du Marsan testent un système de filet qui permet la capture des animaux… avec une incontestable efficacité. «On avait vu que ce type de piège existait en Amérique… Après en avoir discuté, on s’est rapproché d’une entreprise de la région qui est experte dans la conception et la pose des filets de protection. Suite à notre sollicitation, elle a fabriqué un premier modèle spécial».

Le principe est assez simple. Le piège est composé d’un filet doté de mailles fines sur sa partie inférieure, et d’un diamètre un peu plus important au dessus. Il est fixé à l’aide de poteaux, pour lui faire prendre une forme légèrement conique en position basse.
«On dispose un agrainage au centre, indique l’agriculteur de Pujo-le-Plan. Au début, on laisse le filet en hauteur pour que les sangliers s’habituent, puis on le descend progressivement quand ils se mettent à le visiter. Au bout de quelques jours, on le baisse complètement en laissant traîner une partie sur le sol. Les sangliers y entrent alors en le soulevant et ne peuvent plus ressortir dans l’autre sens».

Une solution complémentaire

En l’espace de quelques semaines, ce piège a fait ses preuves. «Il y a de nombreux intérêts, note Aurélien Cabé. Contrairement à des cages dont les trappes se referment, ce système permet de continuer à capturer d’autres animaux lorsque l’un d’eux est entré. En plus, il est assez facile à gérer et ne présente aucun danger, pour l’opérateur comme pour des promeneurs par exemple…».

Afin de réaliser un contrôle permanent du piège, l’idée est de le coupler avec une caméra de surveillance pour des interventions les plus rapides possible, même si les piégeurs visitent quotidiennement leurs installations.

En milieu de semaine, un représentant de l’entreprise ayant conçu ce prototype est venu présenter les possibilités de commercialisation du produit à des responsables agricoles. «Cette solution pourrait être déployée plus largement, constate Jérémy Lapeyre, président de la FDGDON. L’objectif est bien de disposer d’une solution complémentaire pour tenter de maîtriser les populations de sangliers et lutter contre les dégâts qu’elles causent aux productions agricoles».

Contact pour obtenir des renseignements auprès de l’entreprise fabriquant le piège :
Contact FDGDON pour les formations de piégeage :