Être en syntonie avec quelqu'un

1Nous aimerions aborder le thème de la manie et de la mélancolie sous un angle particulier qui est celui de la notion de syntonie (Bleuler, 1922), apparentée à celle d’hyperesthésie [2]. L’hyperesthésie est en quelque sorte l’inverse de l’anesthésie, c’est-à-dire une exacerbation des sensations. Ce terme a surtout été utilisé au xixe siècle pour décrire l’hystérie, mais on le voit apparaître aussi depuis quelques années dans la description de la manie et des troubles bipolaires, que ce soit dans des recherches (Hardy, 1986), dans des dictionnaires (de Mijolla, 2002) ou dans des manuels de psychiatrie (Lévy-Soussan, 2007).

Rappel historique

2Le diagnostic différentiel entre l’hystérie et la manie a posé bien des problèmes depuis longtemps. Eugen Bleuler (1922), par exemple, est allé jusqu’à dire que le tempérament hystérique est très semblable au maniaque, quand il ne lui est pas identique. En tout état de cause, théoriquement, la différence résiderait dans le fait que l’hyperesthésie hystérique serait surtout une hyperalgésie, c’est-à-dire une exacerbation des sensations douloureuses, tandis que l’hyperesthésie maniaque serait surtout une hyperesthésie qualifiée d’affective, c’est-à-dire une hyperréactivité émotionnelle.

3Cette notion d’hyperréactivité émotionnelle est relativement récente dans l’histoire des troubles de l’humeur, même si la manie et la mélancolie sont décrites depuis l’Antiquité. Ce n’est qu’au xixe siècle qu’apparaît l’idée que les maniaques sont hyperémotifs. La raison en est probablement qu’une telle idée ne pouvait apparaître qu’après le développement de la psychologie des facultés : pour parler d’hyperémotivité, il fallait d’abord avoir identifié et défini l’émotion et l’émotivité, qui sont des notions modernes. Dans l’Antiquité, on avait bien une théorie des humeurs, mais aucunement une théorie de l’humeur, et la manie ou la mélancolie n’étaient pas considérées comme des troubles qui se distingueraient des autres par le fait qu’ils concerneraient l’humeur au sens de l’affectivité, car cette catégorie n’existait pas. Les philosophes considèrent que l’affectivité n’est apparue comme une faculté qu’à partir d’Emmanuel Kant (Richir, 2011), car auparavant, tout ce qui était d’ordre affectif ou émotionnel était inclus dans les passions et suscitait la méfiance aussi bien des philosophes (Hengelbrock et Lanz, 1971) que des médecins (Starobinski, 1980). On peut se demander si la méconnaissance du système nerveux comme support interne des sensations et des émotions n’a pas favorisé leur diabolisation (Revaz, 2012). C’est le découpage du psychisme en facultés et l’admission de l’affectivité comme l’une d’entre elles qui aboutit ainsi à l’idée que des troubles puissent toucher spécifiquement l’affectivité. Quand on parle de troubles de l’humeur, on oublie souvent à quel point cette notion est héritière de la psychologie des facultés.

4C’est surtout Bleuler (1922) qui a développé l’idée d’une hyperréactivité émotionnelle chez les maniaco-dépressifs, en référence à la conception d’Emil Kraepelin et d’Ernst Krestschmer (Minkowski, 1927). Rappelons que Kraepelin opposait, dans le champ des psychoses endogènes, la démence précoce et la folie maniaque dépressive. Il avait une conception unitaire des troubles de l’humeur qui a dominé la nosologie pendant toute la première moitié du xxe siècle. On a ensuite tenté de distinguer différents troubles de l’humeur en fonction de la polarité des phases. En d’autres termes, on s’est focalisé sur les signes observables, à savoir les symptômes. Bleuler, lui, avait adopté une vision qu’on pourrait qualifier de structuraliste, dans la mesure où il s’est demandé quelles étaient les caractéristiques permanentes de ces sujets aux symptômes changeants, tantôt maniaques, tantôt dépressifs, tantôt un peu des deux et tantôt ni l’un ni l’autre. On peut observer que des sujets qualifiés de dépressifs se distinguent au Rorschach par des dénis manifestement maniaques, alors qu’ils n’ont jamais présenté d’épisode maniaque qui aurait dérangé l’entourage, ce qui pose un problème théorique épineux.

5La préoccupation structurelle de Bleuler a eu le succès qu’on connaît quand il s’est penché sur la démence précoce, ce qui l’avait amené à proposer le terme de schizophrénie pour insister sur ce qui était pour lui structurel, à savoir la scission de l’esprit. Quand il a réfléchi sur la psychose maniaco-dépressive, il a eu le même génie en proposant la notion de syntonie, définie comme une « vibration à l’unisson avec l’ambiance ». Cette caractéristique permet en effet d’identifier un groupe de sujets ayant en commun une même organisation profonde. Celle-ci est reconnaissable dans l’analyse des épreuves projectives, et à notre connaissance, c’est à Christine Rebourg-Roesler qu’on doit la mise en évidence de ce qui correspond à l’hyperesthésie au Rorschach, en parlant notamment d’éprouvés corporels bruts (Rebourg, 1992).

6La syntonie, réactivité à l’ambiance, est opposée à la schizoïdie caractéristique du spectre schizophrénique, c’est-à-dire un retrait par rapport à la réalité et aux relations. Selon Bleuler, le schizophrène n’est pas dépourvu d’émotions, mais il fuit les stimulations émotionnelles alors que le maniaco-dépressif les recherche ; et quand il manifeste des affects, ils sont discordants par rapport à la situation. Il est à noter que pour Bleuler, comme pour Kretschmer et déjà pour les auteurs du xixe siècle, toutes les émotions peuvent être exacerbées chez le maniaco-dépressif, et pas seulement la joie ou la tristesse. La colère en particulier faisait partie des émotions décrites chez ces sujets, et on parlait de fureur maniaque, jusqu’à ce que, sous l’influence de Valentin Magnan (Lantéri-Laura, 1998), l’aspect ludique ait pris le pas sur la fureur alors même que les deux sont liés, le ludisme étant destiné à recouvrir la fureur, à savoir l’agressivité dirait-on aujourd’hui. On redécouvre cette dimension agressive dans les recherches récentes, en identifiant par exemple, parmi les tempéraments affectifs, un tempérament appelé irritable (Bourgeois et coll., 1995).

7Pourquoi le maniaco-dépressif recherche-t-il des sensations ? Bleuler n’était pas psychanalyste, et il ne se posait pas vraiment cette question. Les psychanalystes, de leur côté, ont généralement compris la manie comme une défense contre la dépression, ce qui était tout à fait nouveau, comme l’a souligné Paul-Claude Racamier (1957). En effet, jusque là, si on avait repéré déjà une alternance entre manie et mélancolie, en parlant par exemple de « folie circulaire », aucune n’était considérée comme première par rapport à l’autre : il s’agissait simplement de deux visages d’une même maladie. La plupart des psychanalystes ont affirmé que la dépression était première et que la manie était une défense contre elle, même si certains ont envisagé l’inverse (Chabot et coll., 2003). En concevant la maniaco-dépression comme un basculement entre deux humeurs opposées par l’intermédiaire d’une défense, la psychanalyse a probablement favorisé la représentation de cette entité comme une bipolarité, même si elle n’est pas à l’origine de ce concept.

La fuite de l’angoisse

8Paul-Claude Racamier, lui aussi, voyait la manie comme une défense contre la dépression, mais aussi et surtout contre l’angoisse accompagnant la dépression, comme l’indique le titre de son texte : « De l’angoisse à la manie ». Cette insistance sur l’angoisse nous paraît fondamentale, car elle permet de donner un sens à la syntonie de Bleuler, c’est-à-dire que l’hyperesthésie aurait une fonction défensive contre l’angoisse. Rappelons que cette dernière est un vécu à cheval entre la sensation et l’affect. Etymologiquement, selon Claude Le Guen (2005), le terme a pour origine latine angustia (le resserrement), dérivé du grec agkô (j’étrangle), ce qu’on a rattaché à la sensation de gorge nouée, et qui renvoie à tous les phénomènes sensoriels accompagnant l’angoisse : manifestations cardiovasculaires, respiratoires, digestives, sueurs, tremblements, douleurs musculaires (Lépine et Chignon, 1994). Dès lors, on peut comprendre la surenchère des sensations comme une tentative de fuir, d’étouffer, de noyer les sensations désagréables liées à l’angoisse dans d’autres sensations, conformément à la loi d’antagonisme entre les sensations : plus une sensation est forte, plus elle étouffe ou anesthésie les autres, d’où la recherche des sensations les plus intenses possibles pour ne pas laisser de place à la sensation d’angoisse. L’expression de cette intensité dans les épreuves projectives a bien été mise en évidence par nos collègues canadiens (Chabot et coll., 2003). Pour utiliser une notion à la mode en psychanalyse depuis quelques années, on pourrait dire que la surenchère maniaque des sensations serait paradoxalement un procédé autocalmant (Smadja, 1993).

9Les registres sensoriels surinvestis incluent notamment la sexualité et l’alimentation, et on connaît depuis longtemps l’hypersexualité et l’hyperphagie des maniaques. Même des sensations désagréables peuvent être surinvesties, par exemple les sensations douloureuses ou les sensations dysthymiques. On pourrait alors voir non pas simplement la manie comme une défense contre la dépression, mais tant la manie que la dépression comme des défenses contre l’angoisse, ce qui donne un sens à la complaisance morbide des mélancoliques et aussi aux tableaux appelés « mixtes », qui ont toujours embarrassé les tenants d’une vision bipolaire avec des pôles bien distincts. En effet, rien d’étonnant à ce que les sensations dysthymiques côtoient les sensations euphoriques si toutes deux remplissent la même fonction, de même que toutes les autres formes possibles de sensations, c’est-à-dire d’étouffer l’angoisse. En réalité, et comme toujours en psychologie, les choses s’avèrent évidemment complexes, et nous avons tenté de le traduire par un double niveau de polarité, lié à une double ligne de défense, qu’il serait trop long de développer ici, mais qu’on pourrait résumer dans les termes les plus simples de la façon suivante : mieux vaut être gai que triste, et mieux vaut être triste qu’angoissé (Revaz, 2012). Cette double ligne défensive permettrait de rendre compte du statut paradoxal des sensations dysthymiques, puisqu’elles seraient évitées dans le premier niveau de polarité (mieux vaut être gai que triste), mais recherchées dans le second (mieux vaut être triste qu’angoissé). Quand le premier niveau défensif, très efficace mais aussi très coûteux en énergie, s’essoufflerait, le second prendrait le relais.

10Si c’est l’angoisse qui est au cœur du problème, de quelle angoisse s’agit-il ? L’analyse de la littérature et des protocoles met en évidence en particulier deux types d’angoisse : l’angoisse de mort et l’angoisse de persécution.

L’angoisse de mort

11Un premier type d’angoisse est bien sûr l’angoisse de mort. En analysant des protocoles de maniaques ou de bipolaires, on est frappé par la référence à la mort.

12Au Rorschach, ces sujets sont quasiment les seuls qui évoquent des animaux, des personnages ou des arbres explicitement morts (planche I : « Une personne qui s’est fait séparer en deux et puis qui est morte et puis il y a du sang aussi » ; planche III : « Des aigles qui meurent (rouge latéral) »). Les fonctionnements psychotiques plus archaïques que les maniaco-dépressifs évoquent plutôt des parties isolées mais pas de corps entier mort. Ils n’ont pas atteint la représentation d’un corps vécu comme un tout, animé par le principe de vie. On peut donc faire l’hypothèse que l’angoisse de mort serait la forme particulière que prend l’angoisse de morcellement chez les maniaco-dépressifs, en raison de leur niveau de construction de la représentation du corps, qui apparaît le plus évolué à l’intérieur de la structure psychotique. Cette angoisse peut être combattue par la référence à la vie, à la naissance, et par une animation à outrance de l’inanimé (planche III : « Deux squelettes qui causent »), sans que ces catégories soient confondues, comme chez le schizophrène. Dans le même ordre d’idées, les dédoublements et démultiplications sont fréquents : par exemple, ce n’est pas un papillon qui est vu, mais deux ou même trois dans la même planche, indépendamment de l’effet de symétrie. La démultiplication peut être comprise comme un déni de la mort et de la destruction. Otto Rank (1932) a été le premier à parler du « double » dans ce sens. Il pense que l’homme a inventé l’âme immortelle comme double du moi pour lutter contre l’angoisse de mort. Or, les maniaques recourent beaucoup à la démultiplication en général. Dans ce cas, le double n’a pas la valeur d’un reflet, comme chez les sujets narcissiques où les enjeux concernent le besoin d’unicité. Il a plutôt une valeur de clone reproductible à l’infini pour assurer la survie, et on a pu remarquer dans ce sens que les espoirs d’immortalité ont été ravivés par les progrès scientifiques récents permettant le clonage d’animaux.

13Au Rorschach, on peut aussi rattacher à la lutte contre l’angoisse de mort les très nombreuses références au mouvement, que ce soit sous la forme de kinesthésies ou d’impressions cinétiques (Rossel et coll., 2012). On peut penser que le maniaco-dépressif introduit le mouvement pour ne pas être confronté au « figé ». Rappelons que Jean Piaget (1947), en interrogeant les enfants sur ce qui pour eux est vivant, a mis en évidence que le premier critère de vie pour l’enfant, c’est le mouvement : une bicyclette, ce serait vivant parce que ça bouge.

14On peut ainsi noter des formes particulières de références au mouvement. Tout d’abord, la référence au mouvement circulaire (Rossel et coll., 2012), qui est probablement liée au fait qu’il s’agit d’un mouvement qui n’a pas de fin. On retrouve d’ailleurs la forme circulaire dans le symbole de l’éternité, le fameux Ouroboros, le serpent qui se mord la queue, ainsi que dans le signe mathématique de l’infini (?). Au Rorschach, les objets tournent, les éléments (l’eau, le vent) tourbillonnent, les personnages sont sur un manège ou sur une table tournante, ou bien ils dansent comme des derviches tourneurs (planche VII : « Là je vois un mouvement dansé de deux personnes accolées l’une à l’autre par la tempe, donc dans un mouvement qui semble un peu rotationnel » ; planche X : « des petits moulins à vent sur un support (D bleu) »).

15Une autre caractéristique des mouvements chez les bipolaires est l’insistance sur leur dimension verticale : ça s’élève, ça s’envole, ça croît, ça jaillit, ça se libère vers le haut dans le mouvement maniaque, ou bien ça s’écroule, c’est entraîné dans un tourbillon, dans des sables mouvants, c’est attiré vers le bas, c’est au bord d’un précipice, d’un gouffre ou d’un puits dans le mouvement mélancolique (planche V : « Ça me fait penser à quelque chose qui monte, comme s’il voulait fuir quelque chose… il saute haut, mais il y a quelque chose qui le dévore à l’intérieur, quelque chose qu’il a en lui qui l’empêche de progresser… c’est comme un oiseau plein de goudron quoi » ; planche VI : « Ça c’est un avion qui s’écrase… il s’est fait tirer dedans et puis il a explosé et puis il est en train de s’écraser » ; planche VI : « À un oiseau qui bat de l’aile et qui pique, qui arrive directement au sol, un oiseau qui tombe en fait »).

16Enfin, un autre type particulier de mouvement, pathognomonique des maniaco-dépressifs, c’est le mouvement qui ne se voit pas parce qu’il est trop lent. Typiquement, c’est par exemple la référence à la tectonique des plaques : « Un continent qui se déplace ». Autre exemple caractéristique : « Une plante qui pousse ». Pourquoi avoir besoin de dire qu’elle est en train de pousser, si ce n’est pour insister sur le fait qu’elle serait vivante ? À noter également, dans cet exemple, le mouvement vertical, qu’on trouve aussi dans la réponse « soleil levant », « stalagmite » ou « stalagtite ». En évoquant un mouvement imperceptible, le sujet laisse entendre que ce qui semble inerte peut tout de même être en mouvement, animé et donc vivant. Par exemple, au détail bleu de la planche X, on peut entendre les réponses « anticyclone » ou « galaxie », réponses qui, par ailleurs, renvoient toutes les deux à un mouvement circulaire, ainsi qu’à un angle de vue très large qui est en rapport avec la mégalomanie.

17Au tat, l’angoisse de mort transparaît en particulier dans les images où le sujet peut se demander si un personnage est décédé. Ces questions sont suscitées par les images où on voit un personnage étendu (comme la 3bm, la 8bm et la 13mf), ainsi que par la 6bm, lorsque les personnages sont vus au chevet de quelqu’un. La question de la mort angoisse ces sujets et se manifeste précisément par les défenses qu’ils mobilisent contre cette angoisse : soit ils disent que le personnage n’est pas mort, soit ils dénient la mort dans son caractère de fin et de limite, en évoquant la vie qui continuerait après ou en ressuscitant les personnages (par exemple à la 8bm, le personnage au premier plan serait l’âme du personnage étendu, décédé) ; soit encore ils dénient l’angoisse de mort en positivant la mort et en disant que c’est une libération, ce que font les mélancoliques.

L’angoisse de persécution

18L’autre type d’angoisse repérable chez ces sujets, c’est l’angoisse de persécution, même si elle ne l’est souvent que de façon sous-jacente (planche X : « Ici (D bleu) je vois la tête d’un schtroumpf, mais un schtroumpf assez agressif, ce qui est rare parmi les schtroumpfs… y a le grognon, mais il est pas aussi menaçant et puis agressif entre guillemets parce qu’il tient une glace à la menthe dans ses mains (D vert), donc il ne va pas faire très mal à son adversaire, à moins que son adversaire soit allergique à la menthe, mais ça serait quand même un peu vicieux (rire) »). Cette angoisse a été reconnue et décrite par de très nombreux auteurs dans l’histoire de la psychopathologie, et en particulier Melanie Klein (Chabot et coll., 2003). Il serait trop long d’en établir la liste exhaustive, mais on peut trouver un grand nombre de références notamment dans la thèse de Jacques Lacan (1932), dans le fameux manuel d’Henri Ey (Ey et coll., 1989) qui parle de « parenté » entre les paranoïaques et les maniaco-dépressifs, ou encore chez François Sauvagnat (2003), sans parler des liens établis plus particulièrement entre paranoïa et mélancolie (Chabot et coll., 2003).

19Néanmoins, curieusement, l’angoisse de persécution reste malgré tout signalée aujourd’hui comme un détail dissocié du reste de la description et qui n’est pas pris en compte dans la compréhension du fonctionnement psychique ni dans le diagnostic, comme s’il était naturel de mentionner que ces sujets sont persécutés tout en affirmant qu’il s’agirait d’états-limites. Les psychologues seraient-ils contaminés par le déni de leurs patients ? En Allemagne, on a oublié que Kraepelin parlait de « paranoïa périodique » et, en France, qui se souvient que l’École de Bordeaux s’est passionnée pour l’articulation entre troubles affectifs et paranoïa (Sauvagnat, 2003) ?

20En effet, l’angoisse de persécution est déniée si farouchement par ces sujets qu’ils n’en laissent aucune trace visible, si ce n’est celle de son inversion. Le vécu persécutoire est certes commun à toutes les organisations psychotiques, mais ce qui est spécifique aux maniaco-dépressifs, c’est leur façon de combattre cette angoisse avec la dernière énergie, comme si la haine n’existait pas et qu’il n’y avait qu’amour. Typiquement, ils insistent au Rorschach sur les intentions non pas malveillantes mais bienveillantes qui animent les personnages ou les animaux évoqués (planche VII : « Deux personnages qui sont en train de s’engueuler très fortement, comme ils ont la bouche ouverte… mais ça pourrait aussi être vu comme deux personnages qui chantent à l’unisson, voire qui dansent, qui ont plaisir à faire ça ensemble, en harmonie » ; planche VIII : « Une tête d’animal, comme un tigre, il a l’air triste… on dirait qu’il y a des animaux qui sont avec lui, qui l’aident à faire quelque chose… ils ne sont pas là pour lui faire du mal, quoi, c’est plutôt le contraire… comme s’ils l’amenaient quelque part où il serait moins triste »). En particulier, aux planches II et III du Rorschach, où la banalité renvoie à un face à face avec des taches rouges, l’angoisse liée à l’agression est activement combattue par la référence aux intentions positives : les personnages ou les animaux évoqués s’aiment, se sourient, se lancent des baisers, dansent, collaborent, en tout cas se veulent du bien, ce qui est parfois interprété par les psychologues comme la capacité d’établir des liens positifs et authentiques, comme le signe d’un mode relationnel différencié et basé sur la coopération, alors que dans notre optique il s’agit là d’un mouvement défensif, à savoir l’expression du déni des intentions malveillantes et donc de la persécution, ce qui n’exclut nullement que ces patients puissent apparaître comme très sympathiques et chaleureux (planche II : « Deux personnages un peu inquiétants, avec… par cette tête rouge qu’on voit, qui font un pacte en se posant la main l’une contre l’autre » ; planche II : « Ils sont un peu masqués, comme si c’était quelque chose de pas bien, quoi… des têtes masquées… ou bien ils se mettent d’accord… » ; planche III : « Le rouge plus du tout agressif, mais je dirais presque une symbolique de cœur, deux personnes qui s’aiment, qui se rapprochent » ; planche III : « Ça me fait penser à deux personnages qui travailleraient ensemble… (rouge médian ?) il me semble que c’est des sentiments qui passent, des sentiments assez joyeux qui passent de l’une à l’autre… là je sens une solidarité dans cette planche ici, une chaleur humaine »).

21Au passage, on peut noter le même mouvement dans des figures culturelles, comme par exemple celle du Père Noël, qu’on peut voir comme le fruit collectif d’une négation de l’angoisse d’intrusion. Alors qu’on craint en général que quelqu’un pénètre chez soi pendant la nuit pour agresser ou voler quelque chose, voilà que le Père Noël, lui, fait l’inverse, il pénètre sans effraction pour offrir des cadeaux. Il est de surcroît marqué de caractéristiques rassurantes, non-menaçantes : c’est un vieil homme bedonnant, et donc inoffensif.

22Dans le même ordre d’idées, on peut relever les traits infantiles souvent très marqués chez les maniaco-dépressifs, qui peuvent être pris pour l’expression d’une immaturité affective liée à une problématique de dépendance et d’angoisse de perte de l’objet d’étayage, alors qu’ils reposent eux aussi sur la lutte contre la persécution : ces sujets surinvestissent le monde de l’enfance qu’ils appréhendent comme un monde innocent, au sens étymologique de non-nocif (planche II : « Deux petits éléphanteaux unissant leur trompe » ; planche VIII : « Deux nounours roses qui grimpent sur quelque chose… le rose ça représente la vie et les deux jumeaux sont encore roses, ils commencent à grandir… symboliquement une ascension »).

Expressions de la syntonie

23Mais revenons à la syntonie et à l’hyperesthésie. Dans les épreuves projectives, on trouve des références à des sensations de tous types (tat, im. 16 : « Comme il y a des petites taches qui sont pas voulues, ça peut suggérer les signes d’une vie nouvelle qui sont à peine palpables, qui ne sont pas encore conscientisées, qui ne reflètent rien sur l’écran pour l’instant… c’est un peu des signaux comme des sensations, des micro-sensations » ; on peut noter ici la négation d’intentions sous-jacentes, dont il a été question plus haut). Il peut s’agir notamment de sensations alimentaires, sexuelles, tactiles, liées à la température (planche VIII : « Il y a une dynamique des couleurs chaudes vers les couleurs froides ») ou au poids (planche IV : « Quelque chose qui est lourd, très lourd »). On peut observer également des réactions émotionnelles, où le sujet dit ce que ça lui fait, comment ça le remue (planche IV : « Je dois aussi dire ce que ça suggère comme émotion ou c’est seulement descriptif ? » ; planche IX : « C’est gai, c’est plein de couleurs, c’est chaleureux… on est bien, on se sent bien quand on regarde ça » ; planche IX : « Au feeling, je me sens assez attiré par ces planches »). On relève de nombreuses appréciations positives ou des critiques de l’objet, toujours formulées en termes de sensations et d’impressions, plus ou moins agréables (planche IX : « Là c’est des couleurs plus chaudes, plus flamboyantes, c’est plus joli » ; planche X : « C’est assez épuisant en fait » ; tat, im. 10 : « Il se dégage une impression de calme, de sérénité » ; tat, im. 11 : « C’est une impression très sinistre qui se dégage de ça »). Les critiques sont généralement formulées avec des termes positifs précédés d’une négation plutôt qu’avec des termes négatifs : plutôt que de dire que c’est laid, le sujet dira que c’est « pas beau », « pas sympathique », « pas agréable » (Revaz, 2005). En outre, ces sujets font de nombreuses références personnelles particulières, comme si ce qu’ils voyaient avait une résonance personnelle en eux (Revaz et coll., 2012) (planche II : « C’est comme si on tombait dans le vide quoi, au milieu… ça me fait penser un peu à ce que j’ai vécu, on perd pied et puis c’est la chute libre »). L’exemple le plus fréquent, c’est celui de l’image 3bm du tat, et nous avons été frappé, en rassemblant les protocoles de sujets bipolaires que nous avions examinés, de constater que plusieurs d’entre eux avaient réagi à cette image en disant : « Ça c’est moi », avant de s’effondrer en larmes : de la syntonie à l’état pur, alors qu’un sujet dont les affects sont plus mentalisés peut verbaliser qu’il se trouve dans un état similaire lorsqu’il ne va pas bien. Dans le même ordre d’idées, les maniaco-dépressifs peuvent aussi entrer dans la peau des personnages en les faisant parler à la première personne. Il n’est pas rare en outre qu’ils expriment le souhait que le dénouement de l’histoire soit positif pour les protagonistes.

24Mais une des expressions principales de la syntonie au Rorschach est ce qu’on peut appeler la surenchère du lien entre des éléments contigus, que ce soit dans l’espace, dans le temps, dans les relations ou dans le langage et la représentation. Cette surenchère du lien peut faire penser à un triomphe sur « l’attaque des liens », concept développé par Wilfred Bion (1959) à propos de la schizophrénie.

25La surenchère du lien dans l’espace se traduit au Rorschach par de nombreuses confabulations, qu’Hermann Rorschach (1921) avait déjà repérées chez les maniaques. Les détails sont mis en relation les uns avec les autres dans une scène confabulée (planche X : « Ça c’est une vue d’en haut d’un jardin, il y a beaucoup de choses (rire)… un peu une sorte de biotope qui semble chaotique à première vue mais ce chaos n’est pas dérangeant en soi… on voit des choses qui s’accrochent les unes aux autres et d’autres qui sont libres… ça suggère un habitat commun, des êtres dans la joie mais pas en harmonie, dans une sorte de chaos accepté, sous l’égide de ça (montre D gris)… ah mais alors oui, en fait toutes les figures sont reliées… ça c’est un grand principe organisateur qui malgré le chaos maintient une certaine ambiance…, tout le monde vit sa vie ensemble, s’accroche, se décroche, se heurte, se détache mais globalement en s’acceptant »). Cette surenchère du lien se retrouve aussi dans les contenus eux-mêmes, où ce qui relie est privilégié : des routes, des ponts, des escaliers, des tunnels, des portes, des passages, moyens de transport ou de communication, tout ce qui est susceptible de faire lien ou de supprimer des entraves. La référence à l’ouverture et à la libération dans le mouvement maniaque, et à l’inverse à la fermeture, à l’enfermement et à l’impossibilité de sortir dans le mouvement mélancolique, se retrouve fréquemment (planche VI : « Aussi ça peut être une sortie progressive d’une sorte d’emprisonnement et on voit le parcours qui a déjà été fait, on voit l’être qui émerge… et ça c’est où il a commencé à être emprisonné comme un carcan… quelqu’un qui a été emprisonné au départ, qui passe par une sorte de carcan et qui sort là… (montre un mouvement vers le haut) » ; planche VIII : « On dirait qu’ils aimeraient sortir de quelque chose… les rouges qui viennent tout en bas, ça veut dire quelque chose qui était pas bien et puis ils s’en sortent… toujours plus haut »).

26La fuite des idées maniaque peut bien sûr être intégrée dans ce thème au sens d’une surenchère du lien au niveau du langage et de la représentation (planche X : « Une barbe à papa avec un bonhomme dessiné dessus, et puis aussi un feu d’artifice, deux souris qui sautent dans une rivière en sang (rire), et puis elles ont le bout de la queue qui crame, et puis aussi une fumée de cheminée d’une usine qui crache de la fumée rouge »). Les réponses s’emboîtent d’une façon très particulière, qui peut évoquer le mécanisme des poupées russes, image suggérée par Frieda Rossel (communication personnelle), où un signifié devient le signifiant du signifié suivant (planche IX : « Un violoncelle (Dbl) qui, en traversant la Suisse (D vert), devient la pomme de Guillaume Tell, avec les deux pépins » ; planche X : « Un espèce de bonhomme comique avec une moustache, des espèces d’hippocampes pour les joues, pis sur le sommet, ce que j’avais dit en premier être la Tour Eiffel, ça pourrait être deux espèces d’êtres qui portent quelque chose et qui fait un chapeau au bonhomme »). Les termes utilisés peuvent donner lieu à des jeux de mots, qui peuvent prendre la forme de concrétisations d’images du langage (Rossel et Fischer, 2012) (planche IX : « Ici je vois deux personnages en orange, qui ont l’air de bien s’entendre et puis de se marrer… peut-être ils se sont raconté une blague et puis ils partent en arrière, ils se bidonnent… d’ailleurs ils ont un peu de bidon (rire) »).

27Sur le plan relationnel, la surenchère du lien se traduit par une recherche de contact, et plus particulièrement la recherche d’une union émotionnelle quasi mystique (planche III : « Là je vois une fête africaine avec deux personnages qui jouent d’un instrument, et puis qui mettent beaucoup d’énergie, il y a aussi une idée de mouvement, ça tourne, on peut imaginer une tribu qui tourne autour, qui fête, qui danse, qui saute en l’air… voilà, une idée de communion de force par la fête… on a du plaisir à être ensemble, on s’éclate… la tribu qui danse, qui exorcise le mal en espérant un avenir meilleur » ; on remarquera dans cet exemple le mouvement circulaire et vertical, ainsi que la démultiplication des personnages). Ces sujets sont souvent perçus comme touchants puisque recherchant le contact affectif et, de ce fait, ils sont souvent surestimés dans leur fonctionnement parce qu’ils suscitent la sympathie, et une psychothérapie est volontiers entreprise avec eux (Maulaz, 1996). En réalité, ce besoin de communion émotionnelle reflète un mode relationnel symbiotique, et donc psychotique, même si on est en présence de la forme la moins confuse de symbiose, puisque sur le plan corporel, la distinction entre sujet et objet est parfaitement établie. C’est une symbiose affective qui est recherchée, et qui est décrite au tat dans la relation entre les personnages (Husain et coll., 2006) : par exemple, ils sont vus comme étant sur la même longueur d’onde, ils se comprennent sans se parler, ils ont une complicité merveilleuse, etc. (im. 7gf : « La nourrice est très triste, elle lui raconte une histoire et puis en même temps elle sent la tristesse de cette petite fille »). Les corps sont distincts, mais on ne formerait qu’une seule âme à deux. Alors que, de manière générale, la mort est vécue comme une séparation, pour un maniaco-dépressif, la séparation est vécue comme une mort.

Conclusion

28Nous considérons que le concept de syntonie amené par Bleuler constitue un apport fondamental dans la compréhension des fonctionnements maniaco-dépressifs, même s’il n’a pas connu le même succès que celui de schizophrénie, et même s’il réapparaît aujourd’hui sous d’autres appellations, par exemple celle de réactivité émotionnelle ou d’hyperesthésie affective, sans que sa paternité soit toujours reconnue ou même connue (M’Bailara, 2009). Les textes de Bleuler sur cette question n’ont d’ailleurs toujours pas été traduits en français. Ils ne sont accessibles aux lecteurs francophones que par l’intermédiaire du résumé qu’en a fait son élève Eugène Minkowski (1927).

29Dans le débat actuel concernant l’extension donnée au spectre de la bipolarité, la notion de syntonie pourrait être d’un apport intéressant. Tous les maniaques sont syntones, mais tous les dépressifs ne le sont pas, ce qui permettrait peut-être de distinguer les dépressions appartenant au spectre de la bipolarité de celles qui n’y appartiendraient pas, en se référant ainsi à un critère structurel permanent et non pas à un critère symptomatologique comme la présence actuelle ou anamnestique de symptômes maniaques ou hypomaniaques.

30La notion de syntonie pourrait également s’avérer utile dans le diagnostic différentiel entre l’organisation maniaco-dépressive et la psychose schizo-affective. L’hyperesthésie implique une certaine construction de l’enveloppe psychique, puisque pour qu’il y ait sensation et contact avec l’ambiance, il faut qu’il y ait peau, c’est-à-dire interface entre l’intérieur et l’extérieur. Peut-on reconnaître une telle enveloppe dans des fonctionnements schizophréniques, c’est-à-dire scindés ? On peut en douter, et se demander si la coloration affective des troubles dits schizo-affectifs n’est pas simplement l’expression de défenses maniformes contre la persécution chez des sujets à considérer en fin de compte comme des schizophrènes, c’est-à-dire dominés par la schizoïdie plutôt que par la syntonie. C’est là un de nos sujets de réflexion actuels.

Notes

  • [*]

    Olivier Revaz, psychologue clinicien, chargé de cours à l’institut de psychologie, université de Lausanne (Suisse), .

  • [1]

    Ce texte a fait l’objet d’une communication au Colloque d’automne de la Société du Rorschach et des méthodes projectives de langue française, Boulogne-Billancourt, 19 novembre 2011.

  • [2]

    Notions que nous avons étudiées dans notre thèse (Revaz, 2012).

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