1 2 La division internationale du travail au niveau mondial a favorisé une insertion rapide de la Chine et de l’Inde dans les échanges internationaux, se traduisant par un choc sur l’offre de biens et services. Au cours
des deux dernières décennies, la part de ces deux pays dans le commerce mondial a fortement progressé : depuis 1990, le poids de la Chine dans les exportations mondiales de biens a plus que quadruplé pour atteindre 8 % en 2006, et celui de l’Inde dans les exportations mondiales de services a quintuplé pour approcher 3 % en 2006. 3 Parmi les grands émergents, la
Chine et l’Inde représentent des géants démographiques, mais dont le niveau de vie moyen est nettement inférieur à celui du Brésil ou de la Russie. Ces pays sont en outre caractérisés par de fortes différences avec les pays développés en termes de dotations factorielles (utilisation du travail qualifié, du travail non qualifié et du capital). L’impact de leur intégration dans l’économie mondiale peut être schématisé à travers une très forte augmentation de l’offre de travail, notamment peu
qualifié (représentant plus des deux tiers de leurs populations respectives). 4 L’essor de la fragmentation du processus productif a ainsi induit des changements profonds sur le marché du travail. Dans un monde ouvert, la circulation des biens et services se substitue à celle des personnes, l’ouverture est donc associée à une concurrence croissante entre les travailleurs du
monde entier. L’expansion spectaculaire de l’offre mondiale de travail, à laquelle on a assisté ces deux dernières décennies, devrait se poursuivre dans les années à venir. Les Nations Unies [1] prévoient une hausse de la population en âge de travailler de 40 % à l’horizon 2050, et l’ouverture du commerce devrait se poursuivre, en particulier dans le secteur des services.
5 Ces évolutions ont des conséquences importantes sur la structure et la rémunération du travail, y compris dans les pays avancés. Ainsi, selon la théorie du commerce international, l’intégration de nouveaux pays dans le commerce international exercerait (cf. encadré 2) une pression à la baisse sur les salaires (corrigée de la productivité) des travailleurs dans les pays
avancés. En outre, l’ouverture des échanges serait à l’origine d’une instabilité accrue pour les travailleurs, en raison d’un déplacement des activités en déclin dans les pays avancés vers les secteurs en croissance où la productivité est plus élevée [2]. L’analyse de l’OCDE tend aussi à montrer que l’emploi au niveau sectoriel est devenu plus sensible à l’évolution des coûts de
main-d’œuvre, au cours des dernières décennies, et que les délocalisations ont été l’un des vecteurs de cette évolution. 6 On s’intéresse ici à deux questions relatives à cette problématique : 7 8 Pour répondre à ces questions, on présente ici l’impact de
l’ouverture économique sur l’offre globale de travail par niveau de qualification et sur l’intensité capitalistique des exportations. Au total, nos estimations montrent que la mondialisation aurait joué plus fortement à partir de 2001 sur les rémunérations relatives des facteurs de production dans les pays développés. Avant cette date, on peut penser que les efforts de l’ensemble de l’économie mondiale pour améliorer la qualification moyenne de la population limitaient les pressions sur les bas
salaires liées à l’ouverture à des pays émergents. 9 De même, l’accumulation rapide du capital dans l’économie mondiale avant 2001 limitait la hausse de la rémunération relative du capital qui aurait dû accompagner l’ouverture aux pays émergents ; ce n’est plus le cas depuis 2001. Cette inflexion tient à l’accélération de l’intégration commerciale des grands pays
émergents avec la forte progression des exportations de la Chine (+18 % par an avant 2001 contre 23 % après 2001) et de l’Inde (+10 % avant 2001 contre 18 % après 2001) notamment. 10 L’ouverture économique des principaux pays émergents affecte l’offre mondiale de travail via la croissance démographique et la structure du niveau de qualification de la population active de ces pays. L’éclairage proposé ici est réalisé à partir d’une approche simple visant à pondérer la force de travail des pays par le ratio
de leurs exportations dans le PIB, pour obtenir un indicateur de l’évolution de la population active mondiale impliquée dans le processus de mondialisation des échanges. Une description précise de l’indice utilisé est présentée dans l’encadré 1. 11 L’évolution de cet indice (cf. graphique 1) montre que l’accélération de la mondialisation durant la dernière décennie s’est
traduite par une forte croissance de l’offre de travail disponible : l’offre mondiale de travail pondérée par la part des exportations dans le PIB a plus que doublé entre 1980 et 2006. On assiste en outre à une accélération notable de la force de travail impliquée dans les échanges internationaux à partir de 2001. Cette hausse est largement due à une hausse de la croissance des exportations mondiales de biens de l’ordre de 93 % entre 2001 et 2006 (notamment du fait de
l’intégration rapide de la Chine –qui représentait 9 % des exportations mondiales de biens en 2006– avec un taux de croissance de l’ordre de +226 %). Graphique 1 évolution de l’offre globale de travail entre 1980 et 2006Encadré 1 : méthodologie de l’indiceÀ partir d’un indice proposé par le FMI ( « The globalization of labor », World Economic Outlook, Chapter 5, Avril 2007), nous estimons, pour la période 1991-2005, un indicateur représentatif de l’offre de travail par qualification mobilisable pour les échanges commerciaux. Il est estimé de la manière suivante : où X k et Yk représentent respectivement les exportations de biens et le PIB (exprimés en
dollars courants) du pays k, et Lk, q la population active (classe d’âge des 15-64 ans, en milliers) du pays k par niveau de qualification q (trois niveaux de qualification sont retenus). Un indice similaire est calculé pour le stock de capital.
Il convient néanmoins de rappeler que la construction d’un tel indice fait appel à des hypothèses fortes en adoptant une approche très macroéconomique et en laissant de côté l’approche sectorielle :
a. Seules données facilement mobilisables pour l’ensemble des pays considérés. 12 En particulier, le nombre de travailleurs mobilisables pour l’économie mondiale en Chine et en Inde a plus que doublé passant de 147 millions à 340 millions d’individus entre 1991 et 2005. Cette hausse contribue à modifier radicalement le rapport de forces entre capital et travail : davantage de travailleurs sont ainsi en concurrence au niveau mondial, ce qui peut exercer une pression à la baisse sur les salaires. La Chine et l’Inde représentent 40% de la population active mondiale, dont plus des deux tiers sont une main-d’œuvre peu qualifiée (les travailleurs peu qualifiés de l’Inde et de la Chine représentaient respectivement 61 % et 81 % de la population active en 2005 [3]). 13 Dans ce contexte, la mondialisation croissante de la main-d’œuvre soulève d’importants défis dans les pays avancés dans la mesure où elle induit des coûts d’ajustement sur le marché du travail. La mondialisation rend ainsi d’autant plus urgente l’adaptation des institutions du marché du travail, de façon à mieux concilier une grande capacité de flexibilité et d’ajustement avec la sécurisation des revenus. 2.2 L’accélération de la mondialisation s’est accom pagnée d’un accroissement des inégalités entre les travailleurs très et peu qualifiés14 La mondialisation intervient dans un contexte de creusement des inégalités salariales dans la plupart des pays de l’OCDE (cf. graphique 3). Le principe de spécialisation des économies à la base du commerce international amène à penser que le développement des échanges avec les pays en développement peut avoir contribué à accentuer les inégalités de salaires dans les pays de l’OCDE, en déprimant les rémunérations des travailleurs peu qualifiés (cf. encadré 2 sur les effets théoriques du commerce Nord-Sud sur le marché du travail). 15 Deux mécanismes conduisent à accroître les inégalités salariales dans les pays développés suite à l’ouverture des économies au commerce mondial : 16
17 Ainsi, l’accélération de la mondialisation, avec l’ouverture économique de la Chine et de l’Inde notamment, serait une des explications possibles à la détérioration de la situation relative des travailleurs peu qualifiés et à l’accroissement de la rémunération du capital observé depuis le début des années 1990 dans les pays développés. Cela résulterait d’une structure de main-d’œuvre et d’une intensité capitalistique très différentes entre les pays développés et les pays émergents. Graphique 2 taux de chômage en 2005 par niveau de qualificationtaux de chômage en 2005 par niveau de qualificationGraphique 3 inégalités de salaires dans dix pays de l’OCDEinégalités de salaires dans dix pays de l’OCDENote : Les courbes représentent la distribution des salaires P90/P10 indiquant les 90e, 10e centiles de la distribution des salaires pour les salariés à temps plein (rebasé à 100 en 1986). Encadré 2 : effet théorique du commerce Nord-Sud sur le marché du travail L’intégration rapide dans l’économie mondiale des principales économies émergentes aurait induit une intensification de la concurrence entre les travailleurs peu qualifiés du monde entier. Ce principe découle des avantages comparatifs des
pays :
les pays développés se spécialisent dans les tâches intensives en travail très qualifié alors que les pays émergents se spécialisent dans les tâches intensives en travail peu qualifié. Dans les pays développés, les secteurs en expansion intensifs en travail qualifié accroissent la demande de travail qualifié, en revanche, les secteurs en déclin libèrent du travail peu qualifié. Dans les pays développés, un déséquilibre apparaît donc sur le marché du travail.
Selon Wooda, l’impact de ces forces externes sur les salaires varie suivant la situation du pays en termes d’ouverture et de dotation factorielle. En autarcie, les salaires sont déterminés par l’intersection entre les courbes d’offre et de demande de travail dont le niveau dépend de la dotation du pays en travail qualifié
et peu qualifié. Après ouverture, Wood considère une économie dont la dotation factorielle lui permet de produire les deux types de biens (diversification du commerce). Dans ce cas, la demande de travail est infiniment élastique et n’est pas affectée par l’offre de travail domestique (on suppose que le pays est petit par rapport au reste du monde). En revanche, ce sont les prix relatifs mondiaux des biens qui déterminent les salaires relatifs : au niveau d’une offre de travail donnée, les
salaires relatifs sont déterminés par les prix relatifs mondiaux des biens. Ainsi, si l’offre mondiale de travail peu qualifié s’accroît, le prix à l’importation des biens intensifs en travail peu qualifié devrait diminuer réduisant ainsi le salaire relatif du travail peu qualifié. 18 En effet, dans les pays industrialisés, les vingt dernières années ont été marquées par un accroissement sensible des inégalités entre main-d’œuvre qualifiée et peu qualifiée. Ce phénomène s’est traduit dans les pays d’Europe continentale par un taux de chômage beaucoup plus important pour les peu qualifiés (cf. graphique 2), et dans les pays anglo-saxons par un creusement des inégalités salariales (cf. graphique 3). 19 Cependant, d’autres facteurs ont probablement joué un rôle important. En particulier, l’informatisation et d’autres avancées technologiques qui vont de pair avec une main-d’œuvre qualifiée. Le fait que les inégalités de salaires ont eu tendance à s’accroître aussi dans les pays en développement, notamment dans les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), est cohérent avec le biais technologique qui a grandement contribué à élever le niveau de qualification requis. 2.3 En dépit des efforts d’amélioration des niveaux de qualification initiale d’éducation, l’offre mondiale de travail reste largement dominée par les travailleurs peu qualifiés20 Outre l’impact de l’intégration économique des principaux pays émergents sur la quantité de main-d’œuvre qui pourrait potentiellement entrer en concurrence, on examine ici son incidence sur l’évolution de la nature de l’offre mondiale de travail. 21 La structure retenue pour l’offre de travail repose sur le niveau de formation atteint par les individus. Selon la nomenclature CITE [4] -1997, trois catégories sont retenues pour évaluer le niveau de formation de la population active : ainsi, en France, les personnes peu qualifiées sont celles qui n’ont pas de diplôme ou qui ont atteint le BEPC, CAP-BEP ; les moyennement qualifiés ont obtenu le baccalauréat et les très qualifiés ont un diplôme de l’enseignement supérieur. Compte tenu des données disponibles, seuls quelques pays peuvent être retenus. Il s’agit des pays de l’OCDE auxquels ont été ajoutés les grands pays émergents. 22 Les données suggèrent que l’ouverture économique s’est traduite par une forte croissance de la population active « mondialisée », notamment le nombre de travailleurs peu qualifiés qui a progressé de 162 millions à près de 322 millions entre 1991 et 2005 (cf. graphique 4). Graphique 4 offre de travail par niveau d’éducationoffre de travail par niveau d’éducation23 Cependant, l’évolution de la structure de l’offre de travail ne révèle qu’une très légère déformation de l’offre de travail mobilisable via le commerce (au sens défini dans l’encadré 1) au profit de l’offre de travail peu qualifié (cf. graphique 4), après une baisse de la part des peu qualifiés dans l’offre mondiale de travail de 66,8 % à 60,3 % entre 1991 et 2001, les résultats suggèrent qu’en dépit des efforts d’amélioration des niveaux de qualification initiale de la population de l’ensemble des pays, la part des peu qualifiés a progressé de nouveau à partir de 2002 pour atteindre 61,4 % en 2005 (résultant de la forte pression démographique des pays émergents). En revanche, la part des très qualifiés progresse régulièrement en passant de 23,4 % en 1991 à 26 % en 2005, et celle des moyennement qualifiés régresse légèrement depuis 2001. 2.4 Suite à l’accélération du processus d’intégra tion économique, les écarts de dotations factoriel les entre les pays développés et émergents s’accroissent depuis le début des années 200024 L’évolution de l’offre de travail associée à l’ouverture économique a été particulièrement forte pour les pays émergents entre 1992 et 2005 (111 % contre 44 % pour les pays développés). C’est dans les BRIC que la hausse a été la plus forte (230 %). 25 Dans les pays développés, la structure de la force de travail pondérée par l’ouverture économique est dominée par les travailleurs moyennement qualifiés (47,7 % de la population active en 2005). Cependant, l’ouverture économique s’est accompagnée pour les pays développés d’une déformation de la population active en faveur des très qualifiés (la part des très qualifiés passant de 24,2 % à 31,3 % entre 1991 et 2005), tandis que la part des peu qualifiés a fortement régressé (de 29,7 % en 1991 à 21 % en 2005). 26 Dans les grands pays émergents (notamment en Chine), le nombre des peu qualifiés continue d’augmenter mais sa part dans la population active totale régresse de 10 points entre 1991 et 2005 ; une hausse importante du nombre de scientifiques, d’ingénieurs et de chercheurs, pourrait menacer la vision traditionnelle du commerce entre les pays avancés (Nord) et les pays moins développés (Sud). Cependant, la part des peu qualifiés représentait encore 68,7 % de la population active mondialisée en 2005. 27 On assiste dans les pays émergents à une déformation de l’offre de travail mobilisée pour le commerce en faveur des travailleurs très qualifiés - la part des très qualifiés passant de 5,5 % (10 millions) à 9,2 % (41 millions) entre 1991 et 2005 la part des moyennement qualifiés passant de 16,7 % (31 millions) à 22,1 % (98 millions) entre 1991 et 2005 (cf. graphique 5). 28 Au-delà des pressions exercées sur la demande de travail dans les pays développés en raison à la fois des évolutions affectant l’offre de travail ailleurs dans le monde et de l’ouverture croissante aux échanges, l’offre de travail domestique évolue également. Après ouverture, l’amélioration de la qualification moyenne de l’offre de travail ne réduit pas les inégalités salariales induites par l’ouverture économique. Dans ce cas, les effets à attendre de l’ouverture sur la distribution des salaires sont d’autant plus puissants que les pays ont des dotations factorielles différentes. Graphique 5 évolution de la force de travail associée à l’ouverture économique mondiale par niveau de qualificationévolution de la force de travail associée à l’ouverture économique mondiale par niveau de qualification29 Un indicateur de cette pression potentielle pourrait être, par exemple, l’écart entre les dotations factorielles d’un pays donné et l’économie mondiale. Nos estimations révèlent qu’après une phase de relative stabilité, les écarts de structure de l’offre de travail des pays développés vis-à-vis du monde s’accroissent depuis 2001 (cf. graphique 6). Cela devrait donc renforcer le processus de spécialisation et intensifier les pressions sur les inégalités salariales entre les travailleurs peu et très qualifiés dans les pays développés. Graphique 6 écarts de dotation factorielle par niveau de qualificationécarts de dotation factorielle par niveau de qualificationNote de lecture : rapport des parts de l’offre de travail par niveau de qualification des pays développés vis-à-vis du monde. 3. L’intégration des économies émergentes dans le commerce mondial a déformé l’utilisation des fac teurs au profit du capital3.1 L’intensité capitalistique des exportations des pays développés vis-à-vis du monde s’accroît30 Avec l’augmentation de l’offre mondiale de travail, le prix à l’importation des produits intensifs en travail subit des pressions à la baisse, réduisant ainsi la rémunération relative du travail et augmentant celle du capital. Inversement, l’accumulation mondiale du capital physique pourrait se traduire par une hausse progressive de la production des biens intensifs en capital et une baisse du prix de ces biens ; un tel phénomène viendrait réduire le rendement du capital et augmenter la rémunération du travail dans les pays développés. Au total, l’évolution des rémunérations relatives des facteurs dépend de l’intensité capitalistique, rapport du stock de capital à l’offre de travail. 31 Afin d’examiner l’évolution des intensités capitalistiques des biens exportés, on étend au capital l’approche retenue pour l’offre de travail, en estimant un indice [5] qui pondère le stock du capital physique [6] des zones géographiques par le ratio de leurs exportations dans le PIB. 32 Les résultats suggèrent que l’ouverture économique s’est accompagnée d’une forte hausse du capital mobilisé via les exportations (progression de 133 % entre 1991 et 2005), avec une accélération notable à partir de 2002 (cf. graphique 7). Bien que le niveau du stock de capital physique mobilisé pour les exportations des pays émergents progresse à un taux particulièrement rapide (376 %), il reste nettement inférieur à celui des pays développés. 33 Le capital mobilisé via les exportations ainsi calculé permet d’obtenir l’intensité capitalistique des expor- tations, ratio du capital et du travail mobilisés pour les exportations. Graphique 7 évolution du stock de capital physique lié à l’ouvertureévolution du stock de capital physique lié à l’ouverture34 Depuis le début des années 1990, la croissance de l’intensité capitalistique des exportations des pays émergents est beaucoup plus rapide que celle des pays développés (cf. graphique 8). Elle n’efface cependant pas les écarts de dotations factorielles entre les deux zones, qui restent particulièrement élevés : l’intensité capitalistique des pays développés est 19 fois plus grande que celle des pays émergents. 35 L’intensité capitaliste des exportations au niveau mondial n’a en revanche que faiblement progressé depuis le début des années 1990 : entre 1991 et 2005, l’offre mondiale de travail et le stock mondial de capital physique liés à l’ouverture économique ont respectivement progressé de 97 % et de 132 %. Ce paradoxe apparent provient du fait que l’ouverture rapide des économies émergentes, dont l’intensité capitalistique est très faible, contribue à faire baisser l’intensité capitalistique des exportations au niveau mondial, même si c’est dans ces pays émergents que l’intensité capitalistique croît le plus vite. 36 Du fait de la faible progression de l’intensité capitalistique des exportations au niveau mondial, l’intensité capitalistique des exportations des pays développés vis-à-vis du monde s’accroît (cf. graphique 9). Cet écart croissant pousse au renforcement de la spécialisation et à la hausse de la rémunération du capital relativement à celle du travail dans les pays développés. Graphique 8 intensité capitalistique des exportations par zoneintensité capitalistique des exportations par zoneGraphique 9 intensité capitalistique : pays développés/mondeintensité capitalistique : pays développés/monde3.2 Dans le processus de mondialisation, les dotations factorielles mobilisées par les pays développés diffè rent de plus en plus de celles mobilisées dans l’en semble du monde37 La mondialisation s’est traduite dans les pays développés par une mobilisation croissante du capital et de la population active très qualifiée. Ces deux résultats semblent confirmer la théorie traditionnelle du commerce selon laquelle un pays relativement abondant en un facteur se spécialise dans les biens intensifs en ce facteur. En outre, ces résultats sont co-hérents entre eux, puisque la théorie traditionnelle du commerce considère également que travail qualifié et capital sont des facteurs complémentaires. 38 Cette complémentarité dans les pays développés semble par ailleurs observée empiriquement : depuis 1991, les pays développés [7] dans lesquels le capital s’est accumulé le plus sont aussi ceux dans lesquels l’offre de travail qualifié a le plus augmenté (cf. graphique 10). Graphique 10 corrélation entre l’offre de travail qualifié et le stock de capital physique dans les pays développéscorrélation entre l’offre de travail qualifié et le stock de capital physique dans les pays développésNote : les stock du capital et de l’offre de travail sont exprimés en logarithme : nous estimons donc les corrélations des taux de croissance des variables. 39 Le fait que l’intensité capitalistique des exportations des pays développés vis-à-vis du monde s’accroisse et que l’offre de travail qualifié disponible pour les exportations augmente plus vite dans les pays développés que dans l’ensemble du monde signifie in fine que les dotations factorielles (mobilisables pour le commerce international) des pays développés diffèrent de façon croissante de celles de l’ensemble du monde. 40 En conséquence, le commerce international entre les pays développés et le reste du monde, puisqu’il se fait de façon croissante à dotations factorielles peu semblables, est a priori de plus en plus bénéfique aux différents participants : dans les théories traditionnelles du commerce, deux pays ont en effet d’autant plus intérêt à commercer ensemble qu’ils ont des dotations factorielles différentes. En contrepartie, la mondialisation s’accompagne probablement de coûts d’ajustement élevés, la croissance du commerce entre deux pays de dotations factorielles différentes se traduisant à court terme par d’intenses réallocations des facteurs au sein de chaque pays. Dans les pays développés, ces coûts d’ajustement pèsent essentiellement sur les non-qualifiés. Notes
Quels sont les effets positifs de la mondialisation ?Les principaux avantages de la mondialisation pour les pays sont une hausse de la compétitivité et de la taille des marchés, une amélioration de la productivité grâce à la diffusion du progrès technique.
Qui favorise la mondialisation ?Ce phénomène s'est poursuivi un peu partout dans le monde durant l'histoire, notamment via les conquêtes militaires et les grandes explorations. Mais la mondialisation s'est surtout accélérée grâce aux progrès technologiques en matière de transports et de communication.
Quelles sont les opportunités de la mondialisation ?La mondialisation a permis aux entreprises de se spécialiser et d'accroître l'intensité de la recherche-développement, de l'innovation et des investissements dans leur production. La mondialisation a aidé les nouvelles entreprises à rivaliser avec celles en place.
Quelle est l'importance de la mondialisation ?Une des conséquences positives les plus importantes de la mondialisation est l'amélioration considérable du niveau de vie dans les pays en voie de développement. Selon la Banque mondiale, l'extrême pauvreté a reculé de 35 % depuis 1990.
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